jeudi 14 mars 2013

Althiburos



Par : Dr.Mourad Araar


Présentation de la ville :
 Althiburos, (l’actuelle el Médéïna, petite ville, diminutif de « Médina ») est un site numido-punique situé au nord-ouest de la Tunise, à environ 215 km de Tunis, et à 45 kms au sud ouest de la ville du Kef (l’ancienne Sicca Veneria). Les ruines d’Althiburos occupèrent une superficie d’environ 170 h.
Par sa position stratégique entre deux régions agricoles - la plaine des Zouarine et celle qui domine Thala, protégée naturellement par une série de sept collines et contrôlant le seul passage naturel de Fedj Thameur qu’utilisait l’ancienne route romaine Carthage Théveste, bâtie sur l’anticlinal de Sra Ouertane, située au confluent de deux cours d’eau encaissées qui donnent naissance à l’oued Médeïna, bénéficiant grâce à de nombreuses sources jaillissantes d’une quantité d’eau potable assez considérable et d’excellente qualité évaluée à 150 litres par seconde, située aussi à la proximité des carrières de calcaire grisâtre (moins d’un km au sud de la ville) et tenant compte de l’existence d’une pierre ressemblant à du marbre rose veiné, Althiburos fut occupée  dès l’époque préhistorique comme l’attestent les armes et les outils en silex ramassés en abondance dans le lit de l’oued. Les sépultures des premiers habitants occupent les collines qui dominent le site. 

                             

Plan d’Althiburos reconstitué par les espagnols

Ville du royaume numide massyle, elle reçut, comme ses voisines, l’influence des civilisations punique et hellénique, mais demeura attachée à ses traditions et conserva son originalité, longtemps après l’arrivée des romains.
À l’époque romaine, la ville atténua son apogée d’extension urbaine et connu une véritable promotion administrative et sociale. La construction au cours de la moitié du IIe siècle d’un centre urbain (ensemble du forum, capitole, théâtre…) marqua le triomphe de la romanisation. Le trésor public participa largement à son édification. Les magistrats ont aussi de leur coté contribué à l’embellissement de leur ville et à l’érection de monuments. La ville fut érigée par conséquent au rang de municipe romain et connu son apogée entre le IIe et le IVe siècle.
Concernant la période vandale, le sondage effectué au SE du capitole a livré des vestiges d’occupation datés entre le dernier quart du Ve et le début VIe siècle.

À l’époque byzantine, la ville conserva une importance relative, du fait de sa position sur la grande artère Carthage-Théveste, mais c’est Laribus qui joua le rôle de ville forte défendant toute la région.    
Après un hiatus de deux ou trois siècle après la conquête arabe, l’occupation humaine est à nouveau attestée par l’archéologie durant les III - V / IX - XI siècles autour du capitole, mais aussi à l’intérieur du théâtre. L’abandon de la ville semble avoir lieu après le VIIe / XIIIe siècle.

L’économie de la région est encore fondée sur l’agriculture et l’élevage. Le rendement en céréales peut atteindre 20 à 25 quintaux par hectare. Les cultures maraichères d’hiver comme d’été jouaient un rôle important avec l’arboriculture. L’olivier, le figuier, le grenadier sont autant  d’arbres adaptés à la nature du sol.

L’arc de triomphe (dit d’Hadrien)

C’est un arc honorifique commémorant le passage d’Hadrien en 132 ap. J. C. par la ville qui se trouve sur la voie Carthage-Théveste. Occupant l’entrée nord de la ville, il est d’une longueur totale de 11.25 m et haut de 7 m sous la clef de voûte. L’ouverture de son arcade est soutenue par des piédroits flanqués de deux colonnes engagées qui supportent l’imposte de l’arc et qui se prolongent au-dessus de cette imposte par deux pilastres. On suppose que ce monument remonte au IVe ou au début du Ve siècle, mais cette datation demeure incertaine.


L’arc de triomphe (dit d’Hadrien)



Le forum :

De forme rectangulaire et d’une superficie de 720 m2, trois 

entrée donnent sur la place du forum, deux situées dans le mur 

sud- ouest et un dans le mur nord- est. Cette place entourée sur 

ses quatre faces par un péristyle large de 6.90 m et surélevé 

d’une marche de 0.35m. Le coté nord – ouest est meublé par 

sept pièces ouvrant sur le portique de même coté. Nous savons 

la destination de peu de ces pièces dont l’une constitue un 

temple dédié à minerve.

                       

                                               Le forum 

 Le Capitole

Les niveaux correspondants à la construction du Capitole permettent de proposer une chronologie avancée dans le II e s. ou le tout début du IIIe s et qui est parfaitement cohérente avec la datation (185 - 191 ap. J. C) que nous laisse supposer une dédicace dans la frise à la triade capitoline, alors que le grand portique devant le pronaos du temple et l’entrée monumentale qui permettait la communication avec la rue principale, par le biais d’un perron, face au forum, remonte au milieu du IIIe s. ap. J. C. C’est un temple corinthien prostyle tétrastyle construit en grandes pierres de taille.




                                                 

Le Capitole

Le temple tétrastyle:

Il remonte, fort probablement, à la même phase de l’érection du forum. C’est un temple de type latin monté sur un podium. Il est entouré d’un péribole dont la couve est composée de deux bassin flanqués de part et d’autre d’un chancel et entourant une petite margelle axiale servant à passer l’eau dans les deux bassins. Il a été probablement transformé en un monument de culte chrétien car dans une époque tardive, on a obstrué la rue de part et d’autre pour ensevelir les reliques.

La fontaine publique :

Construite en pierres de taille, elle s’élève dans un carrefour de deux rues principales de la cité. Ayant la forme d’un grand pilier avec un stylobate mouluré à sa partie supérieure, elle a sur les deux faces, en bordure des rues, deux niches demi-circulaires. Au pied du pilier, sur ces deux mêmes façades, se développe en avant un bassin replié à angle droit. Le trop plein s’écoulait par une encoche, au dessus du petit coté regardant la voie transversale, dans une vasque monolithe en forme de T, d’où il se desserve sur le pavé.


                                 
       

             La fontaine publique 

Le théâtre :

Dédié fort probablement à l’empereur Commode, ce théâtre de type romain non adossé à une colline comme ceux de Bulla Regia et de Simithus dominait un large vallon ; sa cavea est orienté plein sud, contrairement à la recommandation de Vitruve. Les deux entrées sont de direction est-ouest de façon latérale par rapport à la scène. Le rez-de-chaussée est actuellement un peu enterré, nous ne voyons que le sommet de ses arcades. Les gradins incarnent le génie romain, en fait à mi hauteur du mur du premier étage, des entailles disposées régulièrement recevaient des pièces de charpente et des solives pour faire une rangée de gradins en bois. Les gradins qui étaient appuyés sur des voûtes étagées concentriques, ont complètement disparu.Ce monument a été réutilisé à l’époque byzantine comme une fortification. Ainsi on a bouché les arcs externes et on a cassé les corniches saillantes du couronnement de premier contre l’escalade. On a continué à utiliser ce monument à l’époque islamique comme habitat fortifié d’où l’état défiguré du théâtre. 


                                                         

                                           Le théâtre

La villa à 16 bases

C’est l’une des riches maisons mises au jour jusqu’à présent à Althiburos. Elle se trouve au fond de la rue du portique, qui sépare la place publique, du quartier sud-est. Précédée d’un péristyle, elle se compose de plusieurs chambres dont l’une est pavée de mosaïque. 

La maison de la pèche

Se situant à environ 120 m au nord du capitole, elle s’étage sur deux niveaux différents sur la rive gauche de l’oued Oum el ‘Abeir. De nos jours en grande partie détruites, les salles de l’étage supérieur s’ordonnaient autour d’une cour dont le centre était occupé par un bassin allongé, semi circulaire à l’une de ses extrémités, creusé dans le sol. Le péristyle, pavé d’une mosaïque géométrique, était isolé du viridarium par des chancels qui fermaient les entrecolonnements. Sur le coté nord de la cour, est bâti un  escalier dont il ne subsiste que les dix marches de la volée inférieure. Il débouche au rez-de-chaussée sur une exèdre à deux absides. Les cinq salles au niveau du sol sont encore assez bien conservées. Certains de leurs murs revêtus d’enduit de mortier, s’élèvent à plus de trois mètres. L’exèdre donne accès à deux pièces, plus petites dont la première longe l’escalier. Par celle-ci, on pénètre à la deuxième plus grande, qui présente une grande niche sur son mur de fond et un placard sur la paroi opposée. 





La maison de la pèche

La maison des Muses

Remontant à la fin du IVe ou début du Ve siècle, ce vaste demeure bâti à flanc de coteau, sur la rive droite de l’oued Oum El ‘Abeir, dans un faubourg résidentiel, se compose de plusieurs pièces richement décorées dont l’une donne directement sur une cour à péristyle ornée d’un bassin tapissé de gros cubes blancs. Comme tous les monuments d’Althiburos, cette maison se caractérise à l’extérieur par une mise en ouvre très soignée des matériaux, par une architecture de qualité, sobre mais d’une grande harmonie et elle présente à l’intérieur les traces d’une riche décoration. L’aspect commercial de la ville se traduit par la mosaïque du triclinium qui présente un navire chargé d’amphores et accompagné d’un souhait de navigation heureuse.

L’édifice des Asclepieia

C’est le plus important monument de la ville ; il se trouve au nord-est de la maison des Muses et se compose de trois secteurs : le bâtiment central, le secteur sud sud-est et les thermes privés. Il se caractérise par le luxe de la décoration avec des pavements de mosaïque. L’une des salles est ornée par un tableau qui offrait une trentaine d’embarcations dont quatre gros voiliers de commerce, deux chalands, l’un, pour le transport des chevaux et l’autre, pour celui des amphores. La vocation commerciale d’Althiburos et l’existence de ce dernier pavement nous laisse croire à un local de réunion d’une collectivité et vraisemblablement à une association de naviculaires ou d’armateurs.






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